Ce deuxième chapitre développe le travail de recherche de Monsieur Saadi LOUGRADA effectué au Centre de détention de Bapaume, auprès des personnes incarcérées en milieu ouvert mais repérées comme ne sortant pas de leur cellule et par conséquent à haut risque cardio-vasculaire. A travers les activités sportives et les marches en milieu naturel, ont été étudiés les changements relatifs à la santé en général, à l'image de soi et à l'intégration sociale.
Cette étude ouvre des pistes intéressantes en matière de prévention par le sport en tant que facteur d'intégration sociale et d'épanouissement personnel et comme puissant catalyseur face aux difficultés personnelles.
"Si la société prive les détenus de liberté pour les délits qu'ils ont commis, elle ne les prive pas de leur bonne santé. Aussi, faut-il encore qu'ils puissent la préserver tout au long de leur incarcération. Ceci est possible si le détenu est pris en charge dès le premier jour de son incarcération ey qu'un bilan de santé est pratiqué afin de l'orienter vers l'activité physique qui lui convienne le mieux et qui contribuera à son bien-être."[-]

Le thème principal du livre : ce n'est pas la prison (on ne sait pas pour quel motif le papa est incarcéré, ni quand il sortira) mais la peine causée à sa famille par son absence. L'absence du père est illustrée par des scènes du quotidien : celles où le papa est présent, où l'on voit la complicité entre les deux personnages, et aussi celles où l'enfant est seul… Bien souvent, ce sujet reste tabou : on n'ose pas parler de la prison, ni aux enfants, ni à l'entourage. Ce livre trouve les mots pour expliquer l'essentiel à l'enfant : rien ne peut changer l'amour qu'il porte à son papa et que celui-ci lui porte.[-]

Une société se juge à l'état de ses prisons" disait Albert Camus. Le philosophe est mort, le constat bien vivant. Alors qu'en est-il de l'état des prisons? Se pencher aujourd'hui sur la réalité de la vie carcérale, c'est l'ambition de Claire Carpon et Florence Delsemme qui nous apportent dans ce livre les récits de 80 visiteurs de prison, des hommes et des femmes qui ont décidé de consacrer quelques heures par mois à un détenu pour entendre son histoire, sa réalité. Et le constat est dramatique : la prison est la ban de la société, négligée sur tous les plans et bien loin de son objectif de réinsertion.

A travers ces témoignages, mêlant récits de visiteurs, propos de détenus et analyse globale des politiques carcérales, les auteurs dressent un constat sans appel de la vie en prison: des conditions de vie et d'hygiène déplorables, des formations ou du travail présents mais mal adaptés ou insuffisants, un accès aux soins (tant de santé que psychologiques) difficile et bien d'autres maux plongent le détenu dans un état de frustration profond.

Si l'enfermement est nécessaire afin de protéger la société et faire réfléchir les détenus, les visiteurs expliquent que le traitement infligé aux prisonniers n'est pas digne de nos valeurs et que la prison n'est pas une solution miracle. Cette frustration accumulée au cours de longues années d'ennui -principal grief des détenus- va en effet déstructurer la personne et la rendre inapte à la vie en société, sans parler des effets dévastateurs de la drogue qui circule si facilement en prison. Des détenus et des gardiens confient d'ailleurs que "la prison ferme les yeux, car si on supprime la drogue, c'est l'émeute!".

Comment envisager dès lors une réinsertion efficace? Les prisonniers appréhendent d'ailleurs souvent leur sortie : la peur du vide, d'un monde nouveau qui a évolué sans eux et où la famille n'a pas toujours attendu leur retour leur fait parfois préférer aller "à fond de peine"… on croit rêver! La solution passe peut-être par ces oreilles attentives qui s'attardent quelques heures sur une histoire compliquée, un faux-pas, une "rage au cœur". Cette relation d'égal à égal, sans jugement ou a priori, fait sortir beaucoup de choses, fait parler des victimes -rarement évoquées spontanément- et amorce un profond travail sur soi-même. Cette "action extraordinaire" et constructive est saluée par Réginald de Béco, Président d'Honneur de la Ligue des droits de l'Homme, qui signe de sa plume la préface de cet ouvrage engagé et militant.

Fortes de ces témoignages, les deux auteures lancent un réquisitoire appuyé pour le développement de peines alternatives, de centres à taille humaine où l'on pourra s'occuper de la reconstruction de chacun et d'une prison plus respectueuse du citoyen que doit devenir le détenu à sa sortie.


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Délinquants et toxicomanes, squatteurs et sans-papiers, SDF et RMIstes, handicapés et « inemployables » : tous perturbent à leur manière la tranquillité de l'espace public. Leurs différences pèsent parfois peu au regard de ce trait qui les unit, celui d'être indésirables. Pour venir en aide aux personnes en difficulté et tenir à l'écart les plus gênantes pour l'ordre public, un cordon sanitaire s'est progressivement constitué, composé d'une multitude de professionnels chargés de désigner pour aider, séparer pour mieux intégrer, isoler pour soigner, enfermer pour éduquer, éloigner pour punir... Quelles sont aujourd'hui les populations auxquelles ce cordon sanitaire s'adresse ? Comment se manifestent la marginalité et les troubles de l'ordre public qu'elles suscitent ? Quels professionnels ont désormais pour mission de maintenir la cohésion sociale par l'accompagnement de certaines catégories de populations et leur invisibilisation dans l'espace public ?

Au sommaire 13 articles

Les logiques plurielles du cordon sanitaire Danilo Martuccelli
Crise de l'Etat social ou crise de la démocratie ? Colette Bec
Travail du négatif - travail sur le négatif Dominique Lhuilier
Peut-on former les surveillants de prison ? Guillaume Malochet
Des dispositifs entre remédiation et externalisation des problèmes scolaires Daniel Thin
Un positionnement professionnel difficile à construire. Le cas des éducateurs spécialisés Marcel Jaeger
Le travail social face à la " question SDF ". Vers un complexe punitivo-assistanciel inédit ? Stéphane Rullac
Médiation urbaine : vers une régulation sociale en circuit fermé Alexandre Biotteau
Les ambiguïtés du dispositif " Adultes relais ". Instrument de contrôle ou contre-pouvoir des populations ? Patrick Nivolle
A la frontière de l'emploi, le reclassement des travailleurs licenciés. L'accompagnement social du licenciement par les cabinets privés d'outplacement Mélanie Guyonvarch L'insertion des jeunes sans qualification. L'expérience de l'ACEREP entre 1972 et 1986 Jacques Denantes
Les formateurs pénitentiaires face à la simulation Laurence Cambon-Bessières
De la doxa professionnelle à une figure dialectique de l'expertise en travail social Evelyne Simondi[-]