Ce petit livre, disponible gratuitement su Internet, prend à contre pied 10 fausses évidences économiques qui sont :
les marchés financiers sont efficients,
les marchés financiers sont favorables à la croissance économique,
les marchés sont de bons juges de la solvabilité des états,
l'envolée des dettes publiques résulte d'un excès de dépenses,
il faut réduire les dépenses pour réduire la dette publique,
la dette publique reporte le prix de nos excès sur nos petits-enfants,
il faut rassurer les marchés financiers pour pouvoir financer la dette publique,
l'union européenne défend le modèle social européen,
l'euro est un bouclier contre la crise,
la crise grecque a enfin permis d'avancer vers un gouvernement économique et une vraie solidarité européenne.
Le but avoué n'est pas donner des réponses à toutes ces questions même si des mesures précises sont soumises à la critique en face de chacune de ces fausses évidences. Les décisions sont du domaine du politique, mais les économistes signataires de ce manifeste veulent permettre au citoyen d'avoir un avis critique sur ces sujets qui seront certainement au coeur du débat politique de 2012 (et arpès). La crise économique de 2008 a mis au jour les faiblesses du sacro-saint ultra-libéralisme économique dont les marchés financiers et certains lobbys à Bruxelles sont les dépositaires : aux citoyens européens, par l'intermédiaire de leurs représentants de faire basculer la construction européenne vers un autre horizon. Mais premier pas pour le citoyen : l'information objective et non les grands poncifs qui refusent les débats démocratiques.
Les mesures proposées sont :
Pour réduire l'inefficience et l'instabilité des marchés financiers :
Mesure n°1 : cloisonner strictement les marchés financiers et les activités des acteurs financiers, interdire aux banques de spéculer pour leur compte propre, pour éviter la propagation des bulles et des krachs
Mesure n°2 : Réduire la liquidité et la spéculation déstabilisatrice par des contrôles sur les mouvements de capitaux et des taxes sur les transactions financières
Mesure n°3 : limiter les transactions financières à celles répondant aux besoins de l'économie réelle (ex. : CDS uniquement pour les détenteurs des titres assurés, etc.)
Mesure n°4 : plafonner la rémunération des traders
Pour remédier aux effets négatifs des marchés financiers sur l'activité économique nous mettons en débat trois mesures :
Mesure n°5 : renforcer significativement les contre-pouvoirs dans les entreprises pour obliger les directions à prendre en compte les intérêts de l'ensemble des parties prenantes
Mesure n°6 : accroître fortement l'imposition des très hauts revenus pour décourager la course aux rendements insoutenables
Mesure n°7 : réduire la dépendance des entreprises vis-à-vis des marchés financiers, en développant une politique publique du crédit (taux préférentiels pour les activités prioritaires au plan social et environnemental)
Pour réduire l'emprise de la psychologie des marchés sur le financement des États nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°8 : les agences de notation financière ne doivent pas être autorisées à peser arbitrairement sur les taux d'intérêt des marchés obligataires en dégradant la note d'un État : on devrait réglementer leur activité en exigeant que cette note résulte d'un calcul économique transparent.
Mesure n°8bis : affranchir les États de la menace des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publiques par la BCE.
Pour restaurer un débat public informé sur l'origine de la dette et donc les moyens d'y remédier nous mettons en débat une proposition :
Mesure n° 9 : Réaliser un audit public et citoyen des dettes publiques, pour déterminer leur origine et connaître l'identité des principaux détenteurs de titres de la dette et les montants détenus.
Pour éviter que le rétablissement des finances publiques ne provoque un désastre social et politique nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°10 : Maintenir le niveau des protections sociales, voire les améliorer (assurance-chômage, logement...) ;
Mesure n°11 : accroître l'effort budgétaire en matière d'éducation, de recherche, d'investissements dans la reconversion écologique... pour mettre en place les conditions d'une croissance soutenable, permettant une forte baisse du chômage.
Pour redresser de façon équitable les finances publiques en Europe et en France nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l'impôt sur le revenu...)
Mesure n°13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l'emploi
Pour remédier au problème de la dette publique nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°14 : autoriser la Banque centrale européenne à financer directement les États (ou à imposer aux banques commerciales de souscrire à l'émission d'obligations publiques) à bas taux d'intérêt, desserrant ainsi le carcan dans lequel les marchés financiers les étreignent
Mesure n°15 : si nécessaire, restructurer la dette publique, par exemple en plafonnant le service de la dette publique à un certain % du PIB, et en opérant une discrimination entre les créanciers selon le volume des titres qu'ils détiennent : les très gros rentiers (particuliers ou institutions) doivent consentir un allongement sensible du profil de la dette, voire des annulations partielles ou totales. Il faut aussi renégocier les taux d'intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise.
Pour que l'Europe puisse promouvoir véritablement un modèle social européen, nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°16 : remettre en cause la libre circulation des capitaux et des marchandises entre l'Union européenne et le reste du monde, en négociant des accords multilatéraux ou bilatéraux si nécessaire
Mesure n°17 : au lieu de la politique de concurrence, faire de « l'harmonisation dans le progrès » le fil directeur de la construction européenne. Mettre en place des objectifs communs à portée contraignante en matière de progrès social comme en matière macroéconomique (des GOPS, grandes orientations de politique sociale)
Pour que l'euro puisse réellement protéger les citoyens européens de la crise nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°18 : assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres commerciaux entre pays européens
Mesure n°19 : compenser les déséquilibres de paiements en Europe par une Banque de Règlements (organisant les prêts entre pays européens)
Mesure n°20 : si la crise de l'euro mène à son éclatement, et en attendant la montée en régime du budget européen (cf. infra), établir un régime monétaire intraeuropéen (monnaie commune de type « bancor ») qui organise la résorption des déséquilibres des balances commerciales au sein de l'Europe
Pour avancer vers un véritable gouvernement économique et une solidarité européenne nous mettons en débat deux mesures :
Mesure n°21 : développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, ...) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies et tendre vers une égalisation des conditions d'accès aux services publics et sociaux dans les divers États membres sur la base des meilleures pratiques.
Mesure n°22 : lancer un vaste plan européen, financé par souscription auprès du public à taux d'intérêt faible mais garanti, et/ou par création monétaire de la BCE, pour engager la reconversion écologique de l'économie européenne.
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