Nous l'appelons entre nous « la brique ». Ne se lit pas forcément de façon linéaire et d'un bout à l'autre. On y revient sans cesse. Il donne à penser et à travailler.
4ème de couverture :
Pendant des années, Fernand Oury, instituteur de banlieue, a poursuivi avec une obstination de bûcheron la tâche immense et dérisoire de transformer le monde entre les quatre murs d'une salle de classe. Et pas n'importe laquelle ; une classe de perfectionnement à Nanterre, celle des « débiles », des « laissés-pour-compte" », où viennent échouer tous ceux qui opposent à l'école une écosse impénétrable. « Ne sait pas lire »,« Ne sait pas compter », « Insupportable », « Intenable ». Et de ces rebuts il tente de faire une classe, un groupe, des individus, quelque chose d'humain. Pour cela, il faut, bien sûr, du courage et du tempérament. Mais aussi de la méthode. Et c'est ainsi que l'instituteur, aidé d'une psychologue vénézuélienne qui passait par-là, s'est mis à la besogne. Avec ces enfants-là, pas question de dire que la pédagogie est un art, une intuition. Il faut du solide. Du scientifique. Empruntant à la psychologie, à la psycho-sociologie, à la sociométrie, à la psychanalyse - et, bien sûr, au techniques Freinet dont Fernand Oury est un fervent partisan -, ils se sont mis à élaborer une doctrine à eux, quelque chose d'un peu bricolé, de tâtonnant, mais qui, peu à peu, prenait forme et contenu, et qui est devenu sans doute l'une des bases les plus solides de réflexion dont on dispose actuellement. Une pédagogie qui repose sur le groupe, mais à l'opposé du « laisser faire » non directif, qui s'appuie sur des règles précises, donnant à chacun une tâche soumise à la discussion et à l'approbation de l'ensemble. Une pédagogie qui tente de constituer un espace humain fort dans lequel l'individu se sent pris en charge par la présence des autres, tout en assumant ses responsabilités propres.
Tout cela s'est constitué à la diable, au contact des difficultés et des enfants, et c'est le fil de cette élaboration que l'on remonte tout au long de ces huit cents pages, où se mêlent les portraits, les descriptions, les imprécations contre le système et les chercheurs en chambre, les réflexions théoriques et les diagrammes. Sous son titre rébarbatif de manuel pour pédagogue, ce livre est une sorte de torrent bouillonnant, où les notations et les exclamations s'entrechoquent avec une virulence verbale, dont l'optimisme réconforte.
Frédéric Gaussen, Le Monde, 1974
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Nous l'appelons entre nous « la brique ». Ne se lit pas forcément de façon linéaire et d'un bout à l'autre. On y revient sans cesse. Il donne à penser et à travailler.
4ème de couverture :
Pendant des années, Fernand Oury, instituteur de banlieue, a poursuivi avec une obstination de bûcheron la tâche immense et dérisoire de transformer le monde entre les quatre murs d'une salle de classe. Et pas n'importe laquelle ; une classe de per...
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