Fruit de l'expérience et de la réflexion menées au sein du Grain, Atelier de Pédagogie sociale, ce livre actualise, approfondit et élargit les pistes politiques et pédagogiques présentées dans Le défi pédagogique : construire une pédagogie populaire (paru en 1980, également disponible dans notre centre de documentation).
Dans une première partie, les auteurs redéfinissent les contours de ce qu'ils nommaient auparavant « pédagogie populaire ». Dans les années 1970, partant d'une analyse des inégalités dans la société et des mécanismes de reproduction sociale, notamment via l'école, ils se sont immergés dans les milieux populaires dans le cadre d'animations de rue, d'actions de quartier, de l'enseignement professionnel..., avec le souci de faire de constants allers-retours entre pratique et théorisation. Ils ont ainsi construit leur modèle pédagogique à partir de leurs choix politiques et de leur expérience, et ont modélisé une pédagogie du projet. Toutefois, s'ils privilégient toujours aujourd'hui la pédagogie du projet, leur boite à outils s'est enrichie de méthodes et de démarches empruntées aux courants de l'Éducation nouvelle et de la Pédagogie sociale, qu'ils rassemblent sous le vocable de pédagogie émancipatrice.
Dans la deuxième partie, ils explorent la notion d'émancipation. Trois chapitres vont lui donner un contenu précis (l'émancipation comme perspective politique, comme utopie créatrice et comme action sociale). Deux autres chapitres envisagent comment l'émancipation se prolonge dans le projet de la pédagogie émancipatrice, qui vise à accroitre le pouvoir-agir (définition de la pédagogie émancipatrice, appel aux savoirs et rôle de l'animateur).
La troisième partie propose un inventaire des ressources méthodologiques pour mener à bien des démarches de pédagogie émancipatrice : des pistes concrètes concernant le rapport au savoir, au pouvoir, aux autres et aux valeurs. Ces pratiques s'inscrivent clairement dans l'approche coopérative en pédagogie.

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Vieille lune, l'autogestion ? Dans un présent où l'économique fait plier le social, un présent qui valorise les objectifs de pouvoir et de profit au détriment de la lutte contre les inégalités, l'autogestion peut passer pour une relique soixante-huitarde empoussiérée.

Mais ce serait se résigner à la myopie que s'en tenir à cette vision. Car l'autogestion s'inscrit dans une évolution historique longue. Concept et pratiques ont une antériorité forte par rapport à Mai 68 qui certes en a vu la résurgence.

Comprendre l'intérêt du mouvement des maisons médicales - et de bien d'autres - pour l'autogestion impose le détour par l'histoire, celle des rapports humains et des sociétés, celle des mouvements sociaux.

A défaut, l'autogestion serait réduite à un processus de gestion d'entreprise. " L'autogestion est un phénomène global. Elle couvre un champ bien plus large que la simple organisation du système de production, ou la seule démocratie des décisions. Elle concerne la société toute entière… Elle implique que chacun en tant que citoyen, consommateur, producteur puisse participer à la prise de décision qui le concerne… ". [Présentation sur le site Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones asbl, http://www.maisonmedicale.org/-L-autogestion-en-question-.html , (22 octobre 2013)][-]

Les textes rassemblés dans ces actes, issus du colloque qui s'est tenu à Lyon en mai 2011, ont comme objectif de faire le point sur les recherches autour des pensées et pratiques libertaires, qu'il s'agisse de prendre en considération des auteur.e.s, ou de rendre compte d'expériences sociales et historiques se réclamant, d'une manière ou d'une autre, de l'anarchie.

Actes édités sous la direction de Jean-Christophe Angaut (MCF de philosophie à l'ENS de Lyon et membre du laboratoire Triangle), Daniel Colson et Mimmo Pucciarelli.[-]