L'auteur, Vincent Trovato, formateur à Alpha Mons-Borinage, propose ici un Essai philopédagogique, comme l'indique le sous-titre. Mais au-delà du programme de formation philosophique de Matthew Lipman qui est présenté dans cet ouvrage, c'est toute une réflexion sur la ‘philosophie pour tous' qui est ouverte.
Vincent Trovato présente la philosophie comme quelque chose qui « permet à l'homme de réfléchir sur sa propre condition et sur le sens de ce qu'il vit ». Par la pratique de la philosophie, l'homme est amené à interroger son vécu pour en tirer des problématiques qui, travaillées, lui permettront de questionner le sens de la réalité, d'élargir par là son espace de liberté et de mieux maîtriser sa vie quotidienne. « Philosopher, c'est travailler sur ses préjugés pour les mettre en question et cheminer à partir de ce questionnement pour essayer de trouver des réponses. »
Le formateur en alpha trouvera dans ce livre matière à réflexion sur l'intérêt d'amener le débat philosophique dans son (ses) groupe(s).
Premièrement, avant même qu'un dialogue ne s'instaure, le simple fait que chacun exprime sa pensée permet à celle-ci de se structurer. Car dire ce qu'on pense (ou l'écrire) entraîne une clarification et un approfondissement de la réflexion personnelle. En outre, par la mise en commun, l'apprenant est amené à argumenter et à tenir compte des réponses des autres dans le déroulement du dialogue qui s'instaure.
En conséquence, en écoutant chacun, le groupe reconnaît l'importance de sa parole et lui renvoie une image positive de lui-même. C'est pourquoi la réflexion philosophique, au moins autant que l'apprentissage, plus dira Vincent Trovato, contribue à développer l'estime de soi. L'entraide et la communication sont également favorisées.
Deuxièmement, à partir de la structure démocratique de l'échange, le formateur institue un rapport non dogmatique au savoir. Celui-ci acquiert son sens en apparaissant comme une réponse cherchée et confrontée à partir d'une question que l'on pose et se pose, coconstruite par chacun et par le groupe au cours des échanges.
Dans ce travail, le formateur joue le rôle d'accompagnateur. « Sa place est discrète mais active, il doit relancer le débat par des remarques, des questions, de manière à maintenir la prise de conscience des participants. »
L'auteur nous met cependant en garde sur les effets que l'on peut attendre de la philopédagogie. « L'acquisition d'une pensée personnelle, cohérente, claire et critique est un travail de longue haleine, dont les résultats s'ébauchent lentement et sont peu perceptibles à court ou moyen terme. Même si la pleine réalisation de cette entreprise est utopique, travailler en ce sens représente un devoir à la fois moral et politique. Devoir moral, parce qu'il s'agit de permettre l'accès de tous et de chacun à la liberté raisonnable. Devoir politique, parce qu'il s'agit de contribuer à la réalisation d'une communauté démocratique. » C'est en dépassant le cadre personnel, individuel de ses problèmes qu'on peut aboutir à une analyse générale qui permet d'apporter des solutions valables à l'ensemble de la collectivité.
Et de conclure : « Bien que les conséquences de cette pratique pédagogique à l'échelle microscopique de la classe comme à l'échelle macroscopique de la société semblent surréalistes, le pari vaut la peine d'être relevé. Compte tenu de son caractère transversal, la discussion philosophique s'intègre, à diverses occasions de la vie d'une classe, dans des formes de pédagogie fonctionnant sur les valeurs de respect de l'autre, de responsabilisation, d'autonomie et d'initiative. » (in JA, n°147)
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L'auteur, Vincent Trovato, formateur à Alpha Mons-Borinage, propose ici un Essai philopédagogique, comme l'indique le sous-titre. Mais au-delà du programme de formation philosophique de Matthew Lipman qui est présenté dans cet ouvrage, c'est toute une réflexion sur la ‘philosophie pour tous' qui est ouverte.
Vincent Trovato présente la philosophie comme quelque chose qui « permet à l'homme de réfléchir sur sa propre condition et sur le sens de ...
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