Centre de documentation pour l'alphabétisation et l'éducation populaire

Les débats éducatifs s'organisent souvent autour de "lieux communs". Issus de la tradition pédagogique, repris par les discours officiels, relayés par les médias, ils constituent une "vulgate pédagogique" bien connue : "l'élève au centre", "le respect de l'enfant", "les méthodes actives" ou "l'individualisation de la formation" sont ainsi présentés comme des évidences avant de devenir des lignes de clivage, voire des objets d'épiques batailles idéologiques. Mais, ces "lieux communs" sont rarement explicités et l'on se garde bien de chercher comment ils sont apparus, dans quels sens ils ont été mobilisés et quelles différences, voire divergences d'interprétation, ils recouvrent. Que signifie "respecter un enfant" ? Qu'est-ce qu'un "élève actif" ? Que faut-il "individualiser" dans l'éducation et la formation ? Aussi est-il absolument nécessaire de regarder de près le sens et la portée de ces expressions. Derrière leur apparente simplicité, elles cachent des partis pris souvent contradictoires. C'est pourquoi il faut en débusquer les significations et, derrière les slogans, chercher les concepts. C'est tout l'enjeu de cet ouvrage : éclairer le pédagogue en lui permettant d'accéder aux véritables enjeux qui se cachent derrière les "lieux communs" pédagogiques. L'armer pour son métier, l'éclairer pour sa mission, lui fournir les "concepts clés" nécessaires pour mener à bien, le plus lucidement possible, l'entreprise éducative.

Le chapitre 2 de cet ouvrage est entièrement consacré à la motivation et au désir. Est-ce que nous ne confondons pas, par exemple, « désir d'apprendre » et « désir de savoir » sans avoir à passer par l'apprentissage ? Le désir de savoir est un désir d'efficacité à court terme. L'enjeu pédagogique n'est-il pas d'accéder au désir d'apprendre, de prendre le temps d'explorer l'inconnu sans perspective immédiate de « rémunération », afin d'accéder au plaisir, à la jouissance de la pensée ? Comment accéder au plaisir de comprendre (comprendre qu'apprendre, c'est communiquer, transformer les contraintes, se situer, donner sens…) ? Le désir doit-il être « détourné » ? « Devons-nous faire ricocher les désirs de nos élèves jusqu'à des objets de savoir qu'ils récusaient jusque-là ? » Comment ne pas tomber dans la démagogie ?
Reprenant les mots de Paulo Freire, Philippe Meirieu relève que « penser juste » est une affaire éthique et esthétique. Selon lui, les enseignant·es doivent impérativement être des enseignant·es-chercheur·euses, engagé·es personnellement dans l'aventure des savoirs, mu·es par une curiosité contagieuse, témoignant au quotidien du plaisir d'apprendre et de la joie de penser.
Comment susciter le désir d'apprendre ? À travers une approche anthropologique donnant toute sa place à la culture : en mobilisant par des enjeux intellectuels forts, en construisant des situations-problèmes suscitant la mobilisation des élèves…

Lieu d'édition : Issy-les-Moulineaux

Collection : Le café pédagogique

Niveau d'autorisation : 0

Langue : FRANCAIS

Téléchargeable : Non