On trouvera donc dans ce livre des descriptions précises des différents apprentissages, du penser et du parler, du lire et de l'écrire. On trouvera aussi des réponses concrètes à une multitude de questions que se posent les éducateurs et enseignants sur le langage spontané, la portée des échanges entre enfants, l'acquisition du vocabulaire, l'utilisation des albums, l'entrée dans l'écrit, mais aussi les difficultés spécifiques de certains enfants et la nécessité d'un accompagnement particulier. On trouvera, enfin, des documents utilisables aussi bien avec les enfants qu'en formation d'adultes, des pistes d'action pour les praticiens et pour les chercheurs.[-]

Pour lire et écrire, il faut d'abord apprendre à parler. Or, les enfants qui vivent dans l'extrême pauvreté, n'apprennent pas suffisamment à parler pour pouvoir lire, écrire et devenir, plus tard, des citoyens à part entière. Ces enfants éprouvent pourtant un immense désir d'apprendre que l'école a parfois du mal à satisfaire. Durant plusieurs années, des volontaires du Mouvement ATD Quart Monde et une équipe de praticiennes-chercheuses de l'AsForel (Association de Formation et de Recherche sur le Langage), dirigée par Laurence Lentin, ont mené une recherche sur l'acquisition du langage avec la participation des enfants du quart monde et de leurs familles. Les actions relatées et analysées dans cet ouvrage révèlent les difficiles conditions d'existence et la profondeur des aspirations des familles exclues par notre société. Décrivant avec précision les modalités de l'aide que l'école devrait offrir aux enfants afin qu'ils apprennent à parler et à penser dès la maternelle, les chercheuses aboutissent à la conclusion que pour lutter contre l'échec scolaire, l'apprentissage du langage doit nécessairement impliquer les familles.[-]

Laurence Lentin, dont les recherches sur l'acquisition et le fonctionnement du langage font autorité, développe dans Du parler au lire tome 3 l'une de ses hypothèses de travail : pour devenir un lecteur véritable, l'enfant doit d'abord être un parleur véritable. Il doit ensuite apprendre à transmettre et à découvrir une signification au moyen de l'énonciation écrite avant d'apprendre à déchiffrer.

Cette conception radicalement renouvelée de l'apprentissage de la lecture est étayée notamment par les contributions complémentaires de deux collaborateurs de L. Lentin. Ainsi l'analyse théorique de Jean Hebrard permet d'appréhender les problèmes soulevés par le lire de l'adulte puis par l'apprendre à lire de l'enfant. La description, explicitement commentée, de l'expérimentation menée par Christiane Clesse dans son cours préparatoire administre la preuve qu'il ne s'agit pas là de spéculations coupées du réel.

Grâce à de nombreux documents clairement présentés, il est montré dans Du parler au lire tome 3 comment les enfants peuvent " apprendre à lire en parlant ". Il apparaît alors qu'on sous-estime en général le rôle primordial du texte proposé à l'enfant. Ce dernier apprend d'abord à parler un livre, puis il apprend à lire sans manuel de lecture. De ce fait, le vrai livre pour enfant est valorisé. Isabelle Jan en expose la délicate problématique.
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